Les abus au 19e siècle

La lettre ce 16 frimaire an 14

Où le maire de La Teste, constatant les abus qui provoquent la
raréfaction du bois de Chêne indispensable pour la construction navale,
en appelle au Préfet pour faire appliquer la règle ancienne de demande
d'autorisation pour toutes les espèces de bois.
Saisi par le Secrétariat du Syndic ce 9 janvier 2007 ;
orthographe d'époque.

Extraits

L’adjoint au Maire, la place de Maire vacante

A Monsieur le Préfet de la Gironde

Monsieur Le Préfet

Je viens remplir un devoir que nécéssitte, je pense, la place que j’occuppe dans cette commune, une infinité d’abus pour mieux dire des violations s’opérant chaque jour dans cette commune.

La forêt de la Teste, une des plus belles propriétés du Département, composée de Mille arpents de bois de chênes,et pignadas Appartient à une Trentaine de particuliers de ce lieu et à sept à huit de Gujan, les habitants de ce dernier lieu, et ceux de la Teste ont un droit d’usage dans cette masse de bois de pin… et du bois de chène pour la réparation de leur batisse ; lorsqu’ils ont besoin d’arbres pins vifs ils en demandent la permission aux propriétaires qui ont délégué deux d’entre eux afin de les délivrer aux habitants usagers par rang et ordre et selon la force et l’étendue de leurs pièces de pin, tout autant qu’on à laissé cet ordre la forêt de la Teste a été dans le plus grand rapport pour le revenu en résine, et pour les bois de construction, il n’y a pas 20 ans qu’il y avait du bois de chène propre à la construction de plusieurs frégates, à peine aujourd’hui on trouve …pour construire quelques petits chassemarée. Et le revenu de résine a diminué de plus d’un quart ; ce dégât fait dans cette forêt, le préjudice porté à ces propriétaires provient de la dilapidation qui se pratique particulièrement par les ouvriers, tels scieurs de long, charrons, charpentiers et constructeurs, qui, à l’aide de quelques usagers vendent le bois à dix ou douze paroisses environnantes. Le bétail que les usagers y introduisent sans aucun droit est encore une des grandes causes de la destruction de cette propriété ; de cette superbe propriété ; nulle part, le bois de chène est meilleur que celui de cette forêt ; avec votre protection, monsieur le préfêt, elle peut encore ne pas être entierement détruite et elle peut même revenir … dans sa première beauté.

Je vais vous en fournir les moyens.

Les premiers moyens c’est sans doute d’empêcher l’entrée de toute espèce de bétail dans son bien. Le second d’obliger les non propriétaires de Gujan et de la Teste de demander la permission, pour le bois de pins morts, et pour le bois de chènes verts, je ne vous demande point par là une nouvelle manière d’administrer, car, avant 1746, tous les habitants y étaient soumis ; depuis cette époque les propriétaires se relâchèrent en faveur des usagers du droit d’accorder permission pour la coupe des pins morts, et pour la coupe du bois de chène. Les fraudes qui se pratiquent aujourd’hui par ceux que je viens de vous désigner, nécessitent que l’autorité amène les habitants aux premiers principes. Le troisième moyen de conservation est celui d’obliger les habitants en venant demander la permission de la coupe des bois de déclarer sur le registre des deux syndics délégués par les propriétaires, que le bois qu’ils désirent faire couper dans les forêts sont pour tels, telles autres bâtisses, pour telles, pour telles autres constructions pour eux et pour eux seuls, à peine de cent francs d’amende et au paiement des bois qu’ils auraient vendu à des particuliers, non habitants de la Teste et de Gujan. J’accepte cependant que tout habitant de ces deux communes auront la faculté de couper comme par le passé le bois de chauffage uniquement. Sans cette mesure, la plus belle forêt du département est détruite. Le commerce de la résine anéantit et les propriétaires ruinés.

Pour extrait conforme, le Préfet par intérim

Signature

16 frimaire an 14 – 16 novembre 1806

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